Cyrano de Bergerac
Dernière le mardi 31 décembre 2024
Langson, Nord Tonkin, début octobre 1950.
Dans le huis-clos étouffant d’une vieille demeure coloniale, cinq personnages en quête d’eux-mêmes, se retrouvent soudain projetés dans le tourbillon de l’Histoire, au tournant de cette guerre d’Indochine qui s’annonce bientôt perdue.
Le passé ressurgit soudain, réveillant les tensions enfouies et les questions demeurées sans réponses. Que s’est-il donc passé cinq ans plus tôt, à Saïgon, au Bar de l’Oriental ? Une promesse non tenue, un amour refusé par fidélité à un autre amour, à une cause supérieure, à un enracinement corps et âme dans ce pays si attachant et énigmatique…
L’engagement politique, l’art, ou l’amour opèrent ici comme autant d’idéaux, parfois illusoires, souvent contradictoires, et pour lesquels certains iront jusqu’à sacrifier leur vie.
Avec Gaëlle BILLAUT-DANNO, Pierre DENY, Katia MIRAN, Charles LELAURE en alternance avec Valentin de CARBONNIÈRES, Pascal PARMENTIER et Mai THÀNH NAM
De Jean-Marie ROUART de l’Académie française
Mise en scène Géraud BÉNECH
Assistante à la mise en scène Lucie MURATET
Scénographie Emmanuel CHARLES
Lumières Olivier OUDIOU
Costumes Lucie GUILLEMET
Dernière le mardi 31 décembre 2024
Dernière le samedi 23 novembre 2024
Depuis le mardi 22 octobre 2024
Dernière le dimanche 08 décembre 2024
Première le jeudi 23 janvier 2025
Première le mercredi 27 août 2025
Depuis le samedi 14 septembre 2024
Dernière le samedi 23 novembre 2024
Dernière le mardi 31 décembre 2024
Je me suis souvent demandé pourquoi l’Indochine occupait une place si importante dans ma vie. C’est que ce pays au destin tragique à bizarrement illustré beaucoup de mes contradictions. À l’origine, au temps de mes jeunes années, l’Indochine ce fut surtout pour moi à la fois le parfum du girofle qui s’exhalait d‘un magasin de produits exotiques situé avenue du Maine, à Paris, qu’affectionnait ma mère : sans doute pour elle comme pour moi, c’était une occasion de s’enivrer d‘ailleurs. Mais le parfum le plus entêtant que recelait cette échoppe dans ses profondeurs, c’était celui du mystère. Plus tard, quand j’ai eu une approche plus politique de l’Indochine, je me suis senti blessé par une guerre qui illustrait un rendez-vous manqué entre deux peuples faits pour se comprendre et s’apprécier. Je me suis identifié aux personnages héroïques de Pierre Schoendorffer et de Lucien Bodard tout en admirant le courage du général Giap et des combattants vietminh qui luttaient pour leur indépendance.
Ma pièce est née de mes déchirements et de mes contradictions. A travers Le Bar de l’Oriental, j’ai tenté d’explorer une réalité aux vérités et aux visages divers. J’ai voulu montrer tous les aspects d‘une forme de guerre civile, intérieure et extérieure, entre des protagonistes qui, obligés de se combattre, continuaient de s’estimer et même de s ‘aimer. Je ne condamne personne : je me suis efforcé de donner des raisons à chacun. J‘ai mêlé à ce cadre déliquescent de la fin de cette ère coloniale, qui est aussi la fin des illusions, un certain nombre de comportements amoureux contaminés par la décadence ambiante. Tous mes personnages, hommes et femmes, ont un point commun terriblement humain : ils sont insatisfaits et aspirent à un idéal que leur existence médiocre ne leur permet pas d’atteindre. De toutes leurs illusions perdues, l’amour leur apporte un surcroit de déception. Il les brûle sans les réchauffer, il les tourmente sans les assouvir. Car bien au-delà des enjeux politiques, de la notion de patriotisme, c ‘est cette question qui n’a cessé de m’obséder : comment vivre le plus passionnément, mais aussi le plus honnêtement possible, au milieu des aléas d’une histoire cruelle et d’une guerre fratricide.
Jean-Marie ROUART de l’Académie française – auteur
Comment donner un sens à ses choix, à ses actes et plus largement son existence, lorsque tout se désagrège autour de soi et que, selon le point de vue adopté, trahison ou fidélité désignent un seul et même engagement ? Qu’advient-il de nos rêves, de nos désirs lorsque suite à un échec ou par faiblesse de caractère nous les laissons inassouvis ?
Au cœur de cette tragédie, il y a le personnage de Dorothée, une figure féminine complexe et envoutante, une résistante à la façon d’Antigone, qui concentre sur elle tous les regards et les enjeux.
Le Bar de l’Oriental se situe au croisement du politique et de l’intime et revisite les questionnements existentiels qui ont traversé le XXe siècle et que vient raviver le retour impromptu de la guerre dans notre présent.
Dès la lecture, la pièce de Jean-Marie Rouart nous plonge dans un contexte à la fois historique et géographique, voire climatique, très spécifique, envoûtant. Faisant écho à la menace que constitue cet ennemi encore invisible et qui approche inéluctablement, la torpeur tropicale annonçant la mousson imminente avive les tensions entre les personnages jusqu’au paroxysme final.
Sur le plateau, scénographie, costumes, éclairages et univers sonore se conjuguent de façon sensible pour restituer l’impression de ces paysages, de cette lumière, de cette architecture, de cette « fin d’un monde » à l’atmosphère si particulière et dans laquelle j’aimerais que le spectateur se sente immergé.
Géraud BÉNECH – metteur en scène