Histoire

Un peu d’histoire

Une première salle de ce nom s’était ouverte en 1772 sur le boulevard appelé alors d’Enfer, à l’emplacement qu’occupera plus tard le bal de la Grande Chaumière. On y jouait parades et pantomimes.

En 1807 on la cite encore, avec Montmartre, Belleville et le Ranelagh, parmi les théâtres qu’un décret impérial autorisait dans les faubourgs.
Elle avait dû disparaitre depuis quelques années lorsque Pierre-Jacques Seveste (qui, en 1817, avait obtenu de la monarchie restaurée un privilège théâtral pour la banlieue) releva le nom de Théâtre du Mont Parnasse. Il s’installa sur le grand chemin au-delà de la barrière d’Enfer, qui devait devenir la rue de la Gaîté. C’était alors une route plantée d’acacias, bordée d’auberges, de guinguettes, de bals champêtres. Elle évoluera certes comme tout le quartier, mais elle restera « la rue de la Joie ».
De Huysmans à Charles-Louis Philippe, de Bruant à Carco, toute une littérature la célébrera.

Le théâtre du bois et de plâtre dura de 1819 à 1856. Dans ce local étroit de 350 places, éclairé par des quinquets et chauffé par un poêle central sur lequel les spectateurs faisaient mijoter leur dîner pour le manger à l’entracte, on donnait des programmes interminables où des vaudevilles encadraient un drame. Cela faisait dix ou douze actes qui, commencés à six heures, ne s’achevaient qu’après minuit.

En 1851, paraît celui qui devait être l’animateur de Montparnasse, Henry Larochelle. Il rachète aux héritiers de Seveste leurs trois théâtres (Grenelle et Montmartre étaient les deux autres) fonde Cluny et les Gobelins, met sur pied cette extraordinaire organisation de troupes baladeuses qui est entrée dans la légende. Une nouvelle salle remplace la maison de Seveste. Montparnasse connait alors de beaux jours. C’est la grande époque du drame populaire. On applaudit, rue de la Gaîté, le déclin glorieux encore de Frédérick Lemaître, l’apogée de ses successeurs Taillade, Dumaine, Laferrière, les premiers pas d’un jeune homme qui s’appelle Bergerac et s’appellera Mounet-Sully.

Cependant, la salle construite en 1856 était devenue trop exigüe et trop peu sûre, le théâtre actuel, construit par Hartmann, qui avait succédé à Henry Larochelle et par la veuve de celui-ci (sur les plans de Feuquier et Marnez) fut inauguré le 29 octobre 1886. Le bâtiment est l’œuvre de l’architecte Charles Peigniet qui a notamment participé à la réalisation du socle de la statue de la Liberté, à New York. Les travaux ont été effectués rapidement, en cinq mois, mais la salle de 1200 places était « une merveille de goût et de travail ».

Théâtre Montparnasse vintage
Théâtre Montparnasse vintage

En 1930, Gaston Baty obtenait la direction du Théâtre Montparnasse, qu’il convoitait depuis de nombreuses années.

Le nouveau Théâtre allait connaitre de beaux jours et des soirs héroïques. Il abrita pendant la saison 1887-1888 le théâtre libre d’Antoine. Les représentations furent parfois triomphales.

Le 11 novembre 1887, on donnait Esther Brandès, de Léon Henrique et La Femme de Tabarin, de Catulle Mendès, où Gémier débuta dans une figuration. Antoine créa à Montparnasse dix autres pièces, dont Le Baiser, de Banville

Quand le Théâtre Libre eut repassé les ponts, Hartmann, éclectique, accueillit avec la même générosité les jeunes qui partaient en guerre contre le Théâtre Libre : la troupe du Théâtre d’Art de Paul Fort qui joua en 1891 et 1892 : Les Cenci, de Shelley, le Faust, de Marlowe, les Faireurs, de Van Leberghe.
Bonnard, Maurice Denis et Odilon Redon en ont peint les décors. Pierre Louys, André Gide et Oscar Wilde quant à eux, faisaient la police de la salle pour contenir un public déchaîné !

Au décès d’Hartmann, en 1903, Montparnasse revint à la famille Larochelle, et Paul Larochelle, associé à ses beaux-frères Romain et Lacroix, le dirige conjointement avec Grenelle et les Gobelins. Pendant quelques années le drame populaire fait encore florès. C’est le temps où Fontaine, grand premier rôle, règne du Luxembourg à l’avenue du Maine. Camille Beuve lui succède, acteur magnifique égaré dans sa génération, le dernier à posséder le rythme traditionnel de l’emploi. A ses côtés, un troisième rôle qui ira loin, Charles Dullin, et plus tard une ingénuité qui fera parler d’elle, Marie Dubas.
Mais la nouvelle génération perdait le goût de ces vieilles pièces poétiques et naïves. Dès 1909, Paul Larochelle s’est retiré ; après lui, huit directions vont se suivre en vingt ans.

Du mélodrame, partout proscrit, Montparnasse restait le suprême refuge. Cependant, ici même, d’autres spectacles venaient alterner avec lui et gagnaient de plus en plus de place.
En 1929, Beuve était pour la dernière fois d’Artagnan, Lesurque et Lagardère. Il n’y avait plus ensuite que flonflons d’opérette. Comme si son existence eut été liée à celle du genre qui avait fait sa gloire et qui s’épuisait, le Théâtre Montparnasse, en 1929, semblait agoniser. Il allait, au contraire, renaître d’une vie nouvelle avec Gaston Baty.

Il allait disposer enfin d’un instrument de travail à sa mesure. Il confia à Pierre Sonrel le soin de diriger les travaux de restauration et de transformation, dont il avait depuis longtemps prévu les plans : la décoration de la salle fut épurée, la scène agencée selon ses conceptions, la machinerie simplifiée et améliorée, l’appareillage modernisé.

Dans ce Théâtre réaménagé, le grand metteur en scène allait avec succès, offrir au public quelques reprises du répertoire des « Compagnons de la Chimère » aussi bien que des créations marquantes. Avec une esthétique différente, le Théâtre Montparnasse continuait de dispenser ce qu’apportaient jadis les mélodrames : le rêve et l’oubli.
Se succèderont alors les présentations de L’Opéra de quat ’sous, Comme tu me veux, Crime et châtiment, Madame Bovary, Manon Lescaut, Phèdre, La Mégère apprivoisée, Macbeth, Les Caprices de Marianne, La Célestine…

Gaston Baty

Il était soutenu dans sa tâche par le talent de Marguerite Jamois, « rouage parlant de cette admirable mécanique théâtrale ».
En 1943, Baty se retirait et lui confiait la direction de la salle. Guidée par sa passion dévorante et absolue du théâtre, elle sut maintenir l’élan amorcé par son maître et on lui doit plusieurs succès durables d’œuvres classiques, de créations modernes et d’adaptations du grand répertoire étranger.

En 1965, Lars Schmidt achète le théâtre et nomme Jérôme Hullot à la direction. Sous leur impulsion furent découverts en France de nombreux auteurs anglo-saxons, tels que Peter Schaffer, Arnold Wesker, Noël Coward, Harold Pinter, Murray Schisgal, servis par les plus grands comédiens.

De nouveaux travaux sont entrepris en avril 1966. Il n’était pas question de modifier l’architecture générale, mais d’aérer, d’éclairer parfois une salle dont la pureté et la légèreté des lignes laissent encore espérer de beaux jours pour le théâtre « à l’Italienne ».
Dans le hall d’entrée, le grand panneau de céramique « L’Oiseau de Feu » œuvre de l’artiste persan Sciddel, exécuté à Rome par les Ateliers Tanagra. Dans les couloirs les revêtements muraux sont une exclusivité des Papiers Peints Besson. La maison Bakalowits à Vienne a créé le grand lustre de la salle, en cristal de Bohême de même que les petits lustres, plafonniers et appliques…
L’emplacement des fauteuils est réétudié, certaines places de côté supprimées et deux avant-scènes créées.

Marguerite Jamois

En 1979, la salle du Petit Montparnasse est construite dans un ancien entrepôt de décors.

En 1984, Lars Schmidt se retire et vend le théâtre à Jean-Louis Vilgrain, un industriel. Il confie la direction du théâtre à sa femme une ancienne pensionnaire de la Comédie Française, Myriam Feune de Colombi. Celle-ci procède à nouveau à de nombreux embellissements et à la création du Foyer-Restaurant, tout en conservant la volonté d’une programmation éclectique et de qualité. Elle contribue en particulier à la reconnaissance de nouveaux auteurs français: Jean-Marie Besset, Éric-Emmanuel Schmitt, Gérald Sibleyras, Antoine Rault, Florian Zeller…
Elle a notamment créé des pièces dont le succès fût retentissant comme « Le Souper » ou « A tort et à raison ». 
Pour de plus amples détails sur la carrière de Myriam Feune de Colombi, nous vous invitons à consulter la page qui lui est dédiée.

La jauge actuelle est de 715 places. 

Le Théâtre Montparnasse est inscrit aux monuments historiques par un arrêté du 3 avril 1984.

Parallèlement, en 1998, elle procède à la rénovation du Petit Montparnasse qui rouvre en 2003 et devient une salle de 200 places consacrée à la découverte de jeunes talents.

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Salle du théâtre Montparnasse
Travaux du Petit Montparnasse
Petit Montparnasse

Bertrand Thamin &
Myriam Feune de Colombi

De 2006 à 2021, Bertrand Thamin et Myriam Feune de Colombi ont assuré ensemble la co-direction des deux salles.
Depuis la disparition de cette dernière, le 21 avril 2021, Bertrand Thamin assure seul la direction des lieux.